P r é f a c e

J’ai vécu à Vientiane non moins d’une quarantaine d’années. J’ai connu cette cité alors qu’elle n’était encore qu’un grand et long village bâti sur un bourrelet de terre avancé sur le Mékong avec ses quatre points cardinaux : Neua (nord, côté amont), Tai (sud, côté aval), Thong (côté rizière) et Tha (côté rivière), comme beaucoup d’autres villages lao. Je connais tous ses vat, nombre de ses souvenirs glorieux et les empreintes laissées par les périodes douloureuses. Le Mékong, je m’y suis baigné, j’y ai pêché, j’y ai contemplé le coucher du soleil, j’ai vu se transformer son méandre abandonné qu’est le marais de Bung That Luang. Je me rends à l’esplanade de That Luang tous les ans, le matin du jour de la pleine lune du douzième mois, pour poser mes offrandes dans les bols des bonzes venus de tous les horizons du pays.

J’avoue que j’aime cette cité, tout autant, ni plus ni moins, qu’Attapeu, Paksé et Bordeaux où se sont écoulées les années de ma jeunesse. C’est bien grâce au manuscrit de cet essai (doublé d’un parcours choisi à travers un siècle et demi de prose et de poésie) de Michel Treutenaere, vétéran diplomate, ami du Laos, que j’ai appris, de la même façon que j’ai appris, grâce au renard d’Antoine de Saint-Exupéry dans le Petit Prince, « qu’on ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux », que le bien-être n’est pas la chasse gardée de certains pays, comme le Bhoutan qui en a fait un indice de développement.

Si l’on sait écouter, contempler et admirer avec le coeur, Vientiane et ses environs possèdent autant de facettes qu’il en faut pour procurer la joie de vivre. En guise de remerciement pour ces 99 clefs du bien-être au Laos, je me permets de livrer mon secret du bonheur : – Faisons de beaux rêves et ayons le courage et l’enthousiasme d’en concrétiser quelques uns. – Chérissons ce que nous avons à chérir et oublions tout ce que nous avons à oublier. – Trouvons la paix et la tranquillité parmi les chants des oiseaux, les rires et les sourires de nos enfants et petits-enfants, – Ayons courage et force pour nous soustraire à la convoitise, à la haine et à l’égarement, sources de tourment.