Extraits
21 Baci, quand tu nous relies
Le Soukhouane, cérémonie intime et rite social, est l’âme du Laos…
44 Bo pen nyang
Derrière le fatalisme apparent se cache discrètement l’une des clefs du bien-vivre…
78 Le khène: souffle et mélodie
Le chant du khène est le Laos même!
81 Danser le lamvong
Une pratique festive et joyeuse hors du commun…
83 Incomparable bambou
Les vertus du chêne et celles du roseau …
9 Le bleu du ciel, c’est de l’or !
Plus de six mois de l’année, Vientiane doit composer avec un soleil rayonnant accompagné d’une tempête de ciel bleu qui balaye toute idée de spleen. Le soleil est « un grand magicien » qui fait resplendir les extrémités élancées des pagodes, fait luire ou reluire les tons passés, avive l’éclat des couleurs de la vie quotidienne dans sa simplicité et s’évertue à dissiper, au moins en apparence, toute impression de vulgarité… Les écrivains et les poètes charmés par la péninsule indochinoise ont tous célébré l’astre solaire.
« Le ciel est d’un bleu pur. Le radieux soleil Etend sur le pays sa lumière éclatante.
Des couples amoureux, dans le printemps vermeil, Passent joyeusement en troupe exubérante »
Pierre Somchit Nginn
En réalité, si l’on regarde avec attention, le cœur ouvert, les sens en éveil, on peut apercevoir au Laos, jusqu’à Vientiane, une autre couleur à la fois plus rare et plus envoûtante.
Pour franchir cette étape et décrypter l’énigme, rien de mieux que de se rendre à l’étage unique de l’ancienne école des Beaux-arts, boulevard Khoun Boulom à l’angle de la rue Chao Anou, dans laquelle on a le regard immanquablement attiré par la peinture sur bois contreplaqué de très grande taille (six mètres sur deux) que le peintre Marc Leguay avait réalisé pour l’exposition philatélique internationale de Colombo dans les années soixante. Cinq des six panneaux originaux ont résisté aux outrages du temps et la procession ininterrompue de dignitaires, de moines passant à proximité d’un marché et de groupes d’hommes et de femmes du peuple et de jeunes gens, avec dans le paysage éléphants, charrette à buffles et parasols blancs, semble se poursuivre hors du temps.
« Le bonheur ne se trouve pas, ne s’achète pas. Chacun de nous crée son propre bonheur au fond de son cœur. En ce sens, je peux dire que je suis heureux, intensément, profondément. »
M. Leguay. Entretien avec Philippe D.
Lorsque le peintre d’origine bolivienne installé à Paris, José Ostria, qui avait entrepris la restauration de cette peinture monumentale, comprenant une trentaine de personnages, en arriva à s’occuper du ciel, quelle ne fut pas sa surprise de (re)découvrir sous la patine et le vernis noircis des années passées, un ciel doré dont il s’attacha à restituer la luminosité, la profondeur et l’atmosphère de ferveur, derrière les feuilles de bananiers, de palmiers et de cocotiers.
« Dans un écrin d’améthyste et d’azur,
Le ciel alors n’est plus qu’une pépite
Qui fond au large, en un éclat si pur
Qu’au firmament un Pactole s’agite »
André Escoffier