Un cours de français bien tranquille

berlin-photo-book -2 Cette nouvelle-témoignage, autobiographique, a été rédigée entre septembre 2014 et début janvier 2015, terminée trois semaines avant le décès de son auteur et protagoniste. C’est à l’occasion de son 94ème anniversaire que Roger Treutenaere, mon père a reparlé de son séjour forcé à Berlin de juin 1943 au 29 avril 1945, avec une précision inimaginable, en particulier concernant ce séminaire littéraire franco-allemand (janvier- mi juillet 1944), qui constitue la trame du texte inspiré par son histoire et rédigé ou relu et corrigé par ses soins. . Un séminaire de langue française pour ainsi dire inconcevable dans le contexte et la situation dans laquelle il se trouvait, à Berlin, à cette époque de guerre et de tourmente.

71 ans durant, il y avait eu le temps du silence et de l’oubli, le temps du partage et de l’amitié tissée de souvenirs avec ses compagnons français survivants, le temps de la rencontre et de la sympathie avec un Allemand se mariant au retour de cinq années de camp de travail en Sibérie, les deux familles ayant spontanément adopté le credo de l’Office franco-allemand pour la jeunesse et recevant à tour de rôle leurs enfants respectifs pour accompagner modestement mais sûrement le mouvement de réconciliation lancé par le traité de l’Elysée de 1963.

Les enfants grandirent et s’intéressèrent aux échanges avec les jeunes de leur génération, plutôt moins que plus aux vieilles histoires paternelles qui étaient perçues comme rengaines ou récits d’un autre temps. Avant de se retirer en Asie du Sud-Est, dans la ville même où sa femme avait terminé sa vie aux termes d’un voyage auprès de ses enfants, il y avait eu la volonté de retourner à Berlin, une dernière fois, 60 ans après le départ sous le feu des orgues de Staline décrit dans le texte.

Temps du retour sur les lieux fréquentés deux années durant : Spandau et Staaken principalement, retour souhaité, attendu, qui avait été évoqué dès la destruction du mur en 1989 mais qui n’avait pu se réaliser que bien après, après avoir trouvé des compagnons de route en la personne de son fils ainé et d’un de ses amis allemands, médecin berlinois ayant séjourné en France durant ses études. Désir d’écriture, à partir du choc en retour de ce séjour fantomatique. Rédaction de nombreux feuillets sur des moments, des thèmes, des caractères… Un livre qui n’en finissait pas de naître comme s’il était le fil même de l’éveil conservé au très grand âge, octogénaire puis nonagénaire.

berlin-photo-book -1 Et puis la surprise, la stupéfaction d’entendre pour ses 94 ans le patriarche évoquer dans le détail les textes proposés aux étudiantes de ce cours improbable, perçu de l’extérieur comme un souvenir hésitant entre rêve et réalité. Quelle était donc la clef de cette histoire? Sans doute les quelques noms recherchés, retrouvés et prononcés des Allemandes et Allemands liés à ces souvenirs à la fois si lointains et si présents.

Avec le souci de leur rendre hommage, pour leur engagement contre le nazisme, pour leur humanité, leur solidarité auxquelles il devait, à la périphérie de l’effroyable barbarie, d’avoir pu sauver sa vie.

En ce 29 avril 2015, témoin direct de ce travail de mémoire, je mets en ligne le texte qui en est issu, une partie limitée mais substantielle de son histoire. Devoir de mémoire pour ce fragment de la petite histoire qui frôle la grande en conservant une part de mystère.

Michel T.

Un cours de français bien tranquille
ISBN 978-1-326-22242-0

Résumé
Un jeune instituteur de Dunkerque réquisitionné du STO, se retrouve à Berlin dans une usine, bom-
bardée par les Alliés. Lecteur dans un séminaire de français clandestin, jusqu’en juillet 1944, il se remémore, 70 ans plus tard, des particularités de ce cours apparemment si tranquille. Celui-ci prend fin suite à l’attentat raté contre le chef du III`eme Reich. L’auteur rend hommage aux Allemands antinazis qui lui ont sauvé la vie.
Texte

Ein stiller Französischkurs
(ISBN)
Resümee (Zf):
Text

A Quiet French Seminar
(ISBN)
Abstract
Text